Avec « Sérotonine », Michel Houellebecq nous replonge dans un monde déprimant où tout semble partir à vau-l’eau. L’ironie désabusée et provocatrice de l’auteur participe à ce délitement de façon magistrale.
Mais ce qui fait la force du roman réside dans un style « proustien » où le narrateur restitue son introspection à travers des phrases très longues qui sont l’image même de ce qui occupe notre esprit lorsque nous réfléchissons. Ainsi chaque bout de pensée en appelle un autre dans une suite de flashs bâtis sur les associations d’idées et de sentiments. Le lecteur est vraiment immergé dans le cerveau du narrateur grâce à ce procédé et une ponctuation qui se permet quelques libertés avec la perfection grammaticale qui est en général respectée. Le romancier a réussi là à innover, comme Proust l’avait fait en son temps, en ajoutant cette dimension analogique (quand Proust est d’une logique implacable).
À découvrir absolument si vous n’avez jamais lu Houellebecq. À déguster si vous êtes déjà conquis par l’auteur.